| Remark |
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Dubarat, Lescar, p. LI: Le diocèse de Dax avait fait imprimer un missel et un bréviaire, tout au commencement du XVIe siècle, et peut-être avant, car nous avons trouvé un marchand de ces livres, établi à Orthez, dès 1506. Cette particularité, vraiment curieuse, a échappé à la sagacité de M. Louis Lacaze, qui a publié un ouvrage si complet et si remarquable, sur les Imprimeurs et Libraires en Béarn.
Il y avait en effet à Orthez, rue des Palhetes, un marchand, du nom de Brunet d'Estis ou d'Astis. Il faisait le commerce en gros des draps, de la laine, de la mercerie, de la toile, du «pastel» et... des livres d'église. Il va faire lui-même ses emplettes en Espagne, à Pampelune, à Bilbao, à Valladolid, à Médina del Campo, où avait lieu une grande foire; il expédie ses marchandises à Toulouse, à Bayonne, à Laval. Ses envois pour cette dernière ville étaient dirigés sur la Rochelle où Michel le Mercier, négociant, les faisait prendre.
Brunet d'Astis tenait boutique et écoulait ses livres. Il y en avait pour tous les goûts, manuscrits et imprimés, sur papier ou en parchemin. Il avait pris à son service un relieur, Arnaud de Ponsaa, qui avait, lui aussi, une petite libraire et tenait en dépôt des livres qu'il essayait de vendre. Le 26 août 1506, Brunet lui confia vingt missels imprimés, du diocèse de Dax, «bint missaus de molle de l'ordi d'Acx», dont dix-sept sur papier et trois sur parchemin, ces derniers reliés, avec couverture rouge, et les autres brochés. Ponsaa devait les vendre, ceux de parchemin, 9 écus pièce, et les autres, un écu. Il s'engage à remettre les livres ou l'argent; et Brunet à payer 5 sous pour chaque reliure. Voici le contrat passé à Orthez entre les deux commerçants: «Sapien toutz los qui la presente veyran que jo Arnaud de Ponsaa, d'Ortes, confesse tener en garde et comana, deu senher Brunet d'Estis, marchand d'Ortes, bint missaus de molle de l'ordi d'Acx, los detz et set de paper et los tres de pergami; los de pergami son religatz, cobertz de roge, et los detz et set de paper son blancz, sentz religar. Et asso per los y bender, se puixs, los de pergami a nau scutz pesse, et los de paper à ung scut pesse; losquoaus susd. missaus de pergami et de paper los y prometi tornar, quant los bolera, o l'argent qui salhira de quetz, au pretz susd., en me retornan la presente cedule. Et si aixi era que quant et los bolosse los de paper, que si n'y abe de religatz, sera tengut de me pagar sinc ss. per la religadure de cascun qui sera religat. Et per que so de si es vertat, lo n'ey feyt la presente scriture et signade de ma propria maa. A Ortes, lo XXVI de agost mil sinc centz et seixs. Arnaud de Ponsaa. Vertat es.»
Brunet d'Astis mourut vers 1525, et Arnaud de Ponsaa, libraire-relieur, le suivit peu de temps après dans la tombe. Brunet avait un fils aîné qui, emporté par la peste – épidémie régnante alors à Orthez, – ne put recueillir la succession. Le cadet, Arnaud d'Astis, établi à Lescar, ne voulut l'accepter que sous bénéfice d'inventaire. D'autre part, Arnaud Ponsaa avait tout laissé à sa femme, Catherine de Balansun. Il y eut donc reddition de comptes entre les héritiers; il fallut procéder à un inventaire. Dans un acte du 22 mai 1528, Arnaud d'Astis déclare que son père était un «gros marchand», et qu'il avait une honorable position.
Il raconte les motifs qui ont retardé la liquidation de ses affaires. Le 4 avril 1529, la veuve Ponsaa parle de vingt missels confiés jadis à son mari; celui-ci, huit jours avant sa mort, lui déclara qu'il en avait vendu un certain nombre; elle s'offrait à en donner le prix convenu et à rendre les autres; depuis longtemps déjà, elle avait proposé vingt écus à Arnaud d'Astis. Elle avoua aussi que son mari, relieur par état, avait reçu une certaine quantité de missels, 23 ou 24 ans auparavant: «Pot haver XXIII o XXIIII ans que lod. de Ponsaa, marit de lad. Cathaline, qui ere religaire, prenco augune quantitat de missaus.» Le 18 du même mois, on trouva chez le relieur un certain nombre de missels, encore à vendre: «certan nombre de libes missaus». L'inventaire d'Arnaud d'Astis nous apprend qu'il y avait en ce moment, dans le comptoir de la boutique de son père, soixante bréviaires et plusieurs missels avec la Vie des Saints, la Vita Christi, et d'autres livres. C'était une grande librairie pour l'époque. «Item dixe hy have... ung condador fentz lo quoal have sixante berbiariis et plusors auguns missaus... plusors lettres missibes et autres papers et la vite deus santz, la Vita Christi et autres libiis.»
Nous croyons cependant que B. d'Astis ne vendait pas que des livres liturgiques de Dax. La proximité du diocèse de Lescar (Départ en était) devait lui fournir une bonne clientèle. Nous verrons que notre bréviaire de 1541 fut acheté à Orthez.
On peut se demander où Brunet d'Astis faisait de si grands achats de livres d'église. Il avait bien des relations avec Toulouse où les imprimeurs étaient alors assez nombreux. Mais l'histoire de l'imprimerie de cette ville est muette sur le missel et le bréviaire de Dax. Les voyages répétés de notre marchand orthésien en Espagne font supposer que ces livres étaient imprimés dans ce pays. On verra bientôt que le missel de Lescar de 1496 fut imprimé à Pampelune. Aussi pensons-nous que, parmi les incunables des grandes bibliothèques du nord de l'Espagne, on trouvera un jour des ouvrages qui ont trait à nos contrées méridionales. Les mêmes documents relatifs à Brunet d'Astis nous apprennent d'ailleurs qu'il avait des affaires avec les libraires d'outre-monts. «Pluus per ung arossy (?) grisor qui crompe de ung librayre de Medina, costa vint ducats.» Toute recherche bibliographique, surtout pour les premiers temps, sera donc incomplète, si l'on n'étudie pas l'établissement et les progrès de l'imprimerie en Espagne, au moins jusqu'à la seconde moitié du XVIe siècle. Nous finirons cette étude sur les livres de Dax en mentionnant un «ancien» bréviaire, indiqué par le Gallia Christiana, et qui n'est autre sans doute que celui dont nous venons de parler: « Breviarium antiquum Aquense notat... Gratianum [episcopum, 506] totum se convertisse ad instaurandam B. Vincentii ædem (Gall. Christ., tom. 1, éd. Palmé, col. 1038.). |